Les films de Sarah Maldoror sont aussi politiquement révolutionnaires qu’ils sont radicalement beaux. Cette cinéaste et réalisatrice puisait son inspiration dans la poésie et l’art, et sa force dans son combat pour la libération des populations oppressées. Après avoir suivi des cours de théâtre à Paris et fondé la troupe « Les Griots », Sarah Maldoror est allée étudier le cinéma à Moscou. Et le cinéma s’est justement révélé être la forme d’expression qui lui convenait le mieux ainsi que le support approprié pour diffuser son message : un cri de liberté qui mérite le plus grand public possible.
Sa fille, Annouchka de Andrade, sera des nôtres pour présenter deux de ses films et pour répondre ensuite à nos questions.
Au Bozar – Studio
Mercredi 18 janvier, 19:00 → 21:00
Rue Ravenstein 23 1000 BRUXELLES
‘Et les chiens se taisaient’ (FR, 1978, DCP, 13’)
Et les chiens se taisaient est une interprétation d’une pièce d’Aimé Césaire qui parle de la vie d’un homme, un révolutionnaire, revécue par lui au moment de mourir au milieu d’un grand désastre collectif. Ce film a été tourné dans les réserves du Musée de l’Homme consacrées à l’Afrique noire.
‘Aimé Césaire – un homme une terre’ (FR, 1976, DCP, 52’)
Dans Aimé Césaire, un homme une terre, Sarah Maldoror dresse le portrait de son ami Aimé Césaire, à la fois poète, homme politique, essayiste, activiste et l’un des fondateurs du mouvement de la Négritude, un courant artistique et politique progressiste qui défendait la culture noire.
Française née dans le Gers d’un père guadeloupéen, considérée comme pionnière du cinéma africain engagée dans les luttes de libération des pays de l’Afrique lusophone (Angola et Guinée-Bissau), mais attachée aux poètes de la Caraïbe francophone (Césaire, Damas, Glissant), Sarah Maldoror joue de ces labels, tout comme son œuvre défie les frontières géographiques et de genres. Conçue comme un paysage de films qui superpose les histoires et les géographies, l’exposition revient sur les villes traversées par Sarah Maldoror – Paris, Moscou, Conakry, Alger, Fort-de-France ou Saint-Denis. Elle rend compte des dialogues que Sarah Maldoror a entretenu avec des figures intellectuelles, artistiques et politiques telles que Mario Pinto de Andrade, Aimé Césaire, Marguerite Duras, Jean Genet, Chris Marker ou William Klein, tout en créant de nouvelles conversations avec des artistes contemporain·e·s (Mathieu Kleyebe Abonnenc, Melvin Edwards, Ana Mercedes Hoyos, Kapwani Kiwanga, Maya Mihindou, Chloé Quenum, Maud Sulter et Soñ Gweha (anciennement Anna Tje)) et en rendant compte du travail et de l’engagement d’artistes qui, comme Mathieu Kleyebe Abonnenc, ont contribué à faire connaître le travail de Sarah Maldoror au-delà du monde du cinéma.
Sarah Maldoror nous a laissé une œuvre cinématographique, mais aussi théâtrale, poétique et politique, d’une cinéaste à la production foisonnante, alternant fiction et documentaire, au service d’un cinéma révolutionnaire et décolonial, résolument anti-raciste et irrévérencieux.